Alors que, ce vendredi, au Théâtre des Célestins de Lyon, à 15h15, aura lieu une master class/ rencontre entre Pedro Almodóvar, Bertrand Tavernier et Thierry Frémaux à laquelle j’assisterai et que je vous commenterai en direct sur twitter (sur @moodforcinema), alors que, à 19H30, ce même vendredi, sera remis le prix Lumière à Pedro Almodovar à l’Amphithéâtre – Centre de Congrès de Lyon, je vous propose ma critique du film « Etreintes brisées » qui sera diffusé, ce soir, sur Cine + Emotion. Retrouvez également, après ma critique, le programme de la rétrospective Pedro Almodovar à Lyon.
Retrouvez également mes articles suivants sur l’édition 2014 du festival et le programme commenté en cliquant ici:
- Festival Lumière de Lyon 2014 – Critique de JOHNNY GUITAR de Nicholas Ray (1954) et horaires des séances
- Festival Lumière de Lyon 2014 – Critique de MONSIEUR KLEIN de Joseph Losey (1976) et horaires des séances
- La rétrospective Claude Sautet au Festival Lumière de Lyon 2014 : critiques de « Un coeur en hiver » et « César et Rosalie »
Critique du film « Etreintes brisées » de Pedro Almodovar
Synopsis : Il y a 14 ans, dans un violent accident de voiture dans l’île de Lanzarote, un homme (Lluis Homar) a perdu la vue mais aussi la femme de sa vie, Lena (Penelope Cruz). Sa vie se partage alors en deux parties à l’image de ses deux noms : Harry Caine, pseudonyme ludique sous lequel il signe ses travaux littéraires, ses récits et scénarios ; et Mateo Blanco, qui est sonnom de baptême sous lequel il vit et signe les films qu’il réalise. Après l’accident, il n’est alors plus que son pseudonyme : Harry Caine. Dans la mesure où il ne peut plus faire de films, il s’impose de survivre avec l’idée que Mateo Blanco est mort à Lanzarote aux côtés de Lena.
Pedro Almodovar, habitué de la Croisette et de la compétition cannoise (juré en 1992, en compétition pour « Tout sur ma mère » en 1999- prix de la mise en scène -, pour « La mauvaise éducation » en 2004 –présenté hors compétition- ; pour « Volver » en 2006 –prix du scénario et d’interprétation collectif-) était, reparti bredouille en 2009 pour un film dont la mise en scène d’une impressionnante beauté et maîtrise, le scénario impeccable et l’interprétation remarquable de Penelope Cruz auraient pourtant pu lui permettre de figurer au palmarès, à ces différents titres.
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître certains cinéastes ne sont pas des cinéphiles (j’aurais bien des exemples mais je m’abstiendrai) mais au même titre que Picasso maîtrisait parfaitement l’histoire de la peinture, condition sine qua non au renouvellement de son art, il me semble qu’un cinéaste se doit de connaître et d’être imprégné de l’histoire du cinéma, comme Pedro Almodovar qui, dans ce film, en plus de témoigner de sa cinéphilie livre une véritable déclaration d’amour au cinéma (il rend notamment hommage à Hitchcock, Antonioni, Malle, Rossellini… ). Et à Penelope Cruz qu’il sublime comme jamais, en femme fatale, brisée et forte, à la fois Marylin Monroe, lumineuse et mélancolique, et Audrey Hepburn, gracile et déterminée.
« Etreintes brisées » est un film labyrinthique d’une grande richesse : un film sur l’amour fou, le cinéma, la fatalité, la jalousie, la trahison, la passion, l’art. Un film dans lequel, à l’image du festival de Cannes, cinéma et réalité se répondent, s’imbriquent, se confondent.
La mise en abyme, à l’image de tout ce film, est double : il y a d’une part le film que réalise Harry Caine mais aussi le making of de son film. Harry Caine est lui-même double puisque c’est le pseudonyme de Mateo Blanco. Il meurt doublement : il perd la vue, la cécité étant la mort pour un cinéaste ; il perd la femme qu’il aime, une étreinte brisée qui représente la mort pour l’homme amoureux qu’il est aussi. Un film morcelé à l’image de ces photos en mille morceaux de Lena, d’une beauté tragique.
Et puis que dire de la réalisation… Flamboyante comme ce rouge immédiatement reconnaissable comme celui d’un film de Pedro Almodovar. D’un graphique époustouflant comme ce film que Mateo Blanco réalise. Sensuelle comme ces mains qui caressent langoureusement une image à jamais évanouie. Son scénario joue avec les temporalités et les genres (film noir, comédie, thriller, drame) avec une apparente facilité admirable.
Peut-être la gravité mélancolique a-t-elle désarçonnée les aficionados du cinéaste qui n’en oublie pourtant pas pour autant sa folie jubilatoire comme dans ce film dans le film « Filles et valises », hommage irrésistible à « Femmes au bord de la crise de nerfs ».
Un film gigogne d’une narration à la fois complexe et limpide, romantique et cruel, qui porte la poésie langoureuse, la beauté mélancolique et fragile de son titre, un film qui nous emporte dans ses méandres passionnées, un film pour les amoureux, du cinéma. Un film qui a la beauté, fatale et languissante, d’un amour brisé en plein vol… Un film qui a la gravité sensuelle de la voix de Jeanne Moreau, la beauté incandescente d’une étreinte éternelle comme dans « Voyage en Italie » de Rossellini, la tristesse lancinante de Romy Schneider auxquelles il se réfère.
Penelope Cruz, d’une mélancolie resplendissante, pour cette quatrième collaboration, aurait de nouveau mérité le prix d’interprétation et sa prestation (mais aussi celles de tous ses acteurs et surtout actrices auxquels il rend ici hommage, parfois juste le temps d’une scène comme pour Rossy de Palma) prouve à nouveau quel directeur d’acteurs est Pedro Almodovar qui sait aussi, en un plan, nous embraser et embrasser dans son univers, immédiatement identifiable, la marque, rare, des grands cinéastes.
Un film empreint de dualité sur l’amour fou par un (et pour les) amoureux fous du cinéma… le cinéma qui survit à la mort, à l’aveuglement, qui sublime l’existence et la mort, le cinéma qui reconstitue les étreintes brisées, le cinéma paré de toutes les vertus. Même celle de l’immortalité… Un film par lequel je vous recommande vivement de vous laisser charmer et enlacer…
Programme de la rétrospective à Lyon:
Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón, 1980, 1h18)
Premier film, premier succès marquant l’empreinte artistique du cinéaste : les femmes, les personnages exubérants et la liberté de mœurs. Un cocktail de la Movida servi sous forme de comédie policière effrontée.
Comœdia me 11h
Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? (¿ Qué he hecho yo para merecer esto !!, 1984, 1h47)
Gloria (Carmen Maura), entre ses ménages, sa famille et ses voisines, tous hauts en couleurs, n’a pas une minute à elle. Pour tenir, une solution : les amphétamines… Portraits incisifs et drôles, sauce caustique !
Francheville me 20h30 | CNP je 20h | Pathé Bellecour ve 10h45
Matador (1986, 1h45)
L’amour passionnel entre Diego, ex-matador, et Maria, avocate psychopathe, fascinés par la mise à mort. Une intrigue policière mêlant érotisme, ferveur religieuse, et tyrannie maternelle. Avec Antonio Banderas.
Comœdia je 17h | Pathé Bellecour di 14h30
La Loi du désir (La ley del deseo, 1987, 1h44)
Pablo (Eusebio Poncela), amoureux de Juan, rencontre Antonio (Banderas), qui devient bientôt un amant très possessif… Homosexualité, transsexualité, désir, création. Un film aux allures de thriller amoureux.
Pathé Bellecour je 21h30 | UGC Confluence ve 20h30
Femmes au bord de la crise de nerfs (Mujeres al borde de un ataque de nervios, 1988, 1h35)
Ivan et Pepa (Carmen Maura), comédiens de doublage, se séparent, au désespoir de Pepa, qui découvre bientôt l’autre vie d’Ivan… Comédie pop aux couleurs flamboyantes, un style définitivement imposé. Avec aussi Rossy de Palma.
Pathé Bellecour lu 11h | CNP me 15h | Cinéma Opéra ve 20h30 | Décines sa 16h
Attache-moi ! (Átame !, 1989, 1h41)
Ricky (Antonio Banderas) veut conquérir Marina (Victoria Abril), ex-actrice porno. Il la séquestre, la violente, mais parvient à la séduire… Insolite, provocant, le plus optimiste des films sadomasochistes !
Pathé Cordeliers lu 11h | Craponne ma 20h30 | CNP ve 20h | Pathé Bellecour sa 11h
Talons aiguilles (Tacones lejanos, 1991, 1h53)
Rebeca (Victoria Abril) est désespérément en attente de l’amour de sa mère (Marisa Paredes), une chanteuse qui a privilégié sa carrière. Glamour et noirceur, humour et mélodrame, dans cette douloureuse histoire d’amour entre mère et fille.
Vénissieux me 20h30 | Comœdia sa 16h45 | Pathé Bellecour di 10h30
La Fleur de mon secret (La flor de mi secreto, 1995, 1h42)
Leo (Marisa Paredes) écrit des romans à l’eau de rose sous pseudonyme, tout en voulant sauver son couple… Plus grave que ses films précédents, un superbe mélodrame où s’exprime toute la sensibilité du cinéaste.
Cinéma Opéra ma 15h | Neuville me 20h30 | Pathé Bellecour sa 19h15
En chair et en os (Carne trémula, 1997, 1h39)
Victor va chez Elena, rencontrée en boîte de nuit : elle attend son dealer et la police s’en mêle bientôt… Entre thriller et tragédie : vengeance, plaisir et culpabilité. Avec Javier Bardem et Ángela Molina.
Villeurbanne ma 20h30 | Comœdia je 22h15 | Pathé Bellecour di 17h
Tout sur ma mère (Todo sobre mi madre, 1999, 1h40)
Manuela (Cecilia Roth) vit seule avec son fils. À la sortie du théâtre, il est renversé par une voiture. Hommage bouleversant aux femmes, mères, filles, sœurs, prostituées, actrices… Avec aussi Marisa Paredes et Penelope Cruz.
Bron ve 20h30
Parle avec elle (Hable con ella, 2002, 1h52)
Un spectacle de Pina Bausch et deux hommes – infirmier et écrivain – qui se retrouvent à l’hôpital, veillant chacun sur une femme dans le coma… Au cœur du film : passion amoureuse et folie, solitude et incommunicabilité.
Comœdia di 10h30
Volver (2006, 2h02)
La vie mouvementée de Raimunda (Penelope Cruz), sa fille, sa sœur, sa tante, les voisines du village de son enfance. Le portrait bouleversant de trois générations, porté par des actrices éblouissantes.
UGC Astoria me 20h30 | Saint-Priest ve 14h30 | Pathé Bellecour di 17h15
La piel que habito (2011, 2h01)
Un chirurgien met au point une peau synthétique en utilisant une femme qu’il retient captive dans son manoir… Les retrouvailles avec Antonio Banderas, avec également au casting Marisa Paredes, Elena Anaya.
Pathé Bellecour me 19h30 | Pathé Vaulx-en-Velin sa 19h30
Almodóvar producteur – Avant-première
Les Nouveaux sauvages de Damián Szifrón (Relatos salvajes, 2014, 2h02)
La dernière production de Pedro Almodóvar et de sa maison de production El deseo : un film à sketches argentin, une comédie décoiffante sur le monde moderne ! L’une des sensations de Cannes 2014 en avant-première exclusive.
UGC Confluence sa 20h30 | Pathé Bellecour sa 21h45
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