Je vous propose de découvrir, ci-dessous, les jurys de la Caméra d’or et d’Un Certain Regard du Festival de Cannes 2013 (communiqué de presse officiel) et, à cette occasion, ma critique du film « Les Bêtes du sud sauvage » de Benh Zeitlin qui avait été récompensé de la caméra d’or l’an passé (en bas de cet article).

UN CERTAIN REGARD 2013 : PRESIDENT THOMAS VINTERBERG

 Aux côtés de ceux de la Compétition, les films d’Un Certain Regard font également l’objet d’un palmarès qui sera décerné par un jury de cinq personnes, présidé par le cinéaste danois Thomas Vinterberg et dont la composition est la suivante :

 Président: Thomas Vinterberg (Réalisateur – Danemark)

Jurés

Zhang Ziyi (Comédienne – Chine)

Ludivine Sagnier (Comédienne – France)

Ilda Santiago (Directrice du Festival de Rio – Brésil)

Enrique Gonzalez Macho (Producteur, distributeur, exploitant – Espagne)

 Dix-huit films figurent au Certain Regard. Ils seront projetés dans la salle Debussy du jeudi 16 au samedi 25 mai 2013. Le film d’Ouverture est The Bling Ring de Sofia Coppola.

L’an dernier, le jury du Certain Regard était présidé par l’acteur-réalisateur Tim Roth

*     *     *

CAMERA D’OR 2013 : PRESIDENTE AGNES VARDA

La Caméra d’or consacre chaque année le meilleur premier film issu de la Sélection officielle, de la Semaine de la Critique et de la Quinzaine des Réalisateurs. En 2013, ils sont 23 à concourir (dont 6 réalisatrices, toutes engagées en Sélection officielle) pour cette récompense qui sera remise lors de la soirée de clôture le dimanche 26 mai. La Présidente sera la cinéaste française Agnès Varda. L’an dernier, le Jury de la Caméra d’or était présidé par le cinéaste brésilien Carlos Diegues et a récompensé le film de Benh Zeitlin, Beasts of the Southern Wild (Les Bêtes du Sud sauvage).

Présidente: Agnès Varda (cinéaste, France)

Jurés

Isabelle Coixet (cinéaste- Espagne)

Régis Wargnier (cinéaste- France)

Chloé Rolland (Syndicat de la Critique)

Michel Abramowicz (AFC)

Eric Guirado (SRF)

Gwénolé Bruneau (FICAM)

CRITIQUE – « Les Bêtes du Sud sauvage » de Benh Zeitlin (Caméra d’or du Festival de Cannes 2012)

A Cannes, le film de Benh Zeitlin avait été couronné de la caméra d’or 2012 avant une avalanche d’autres prix. Sur la Croisette, l’an passé, c’était une incessante litanie « il faut voir Les Bêtes du Sud sauvage ». Alors, ce film méritait-il autant de louanges et autant de prix ?

« Les Bêtes du Sud sauvage » est le premier long-métrage de Benh Zeitlin adapté de « Juicy and Delicious», une pièce écrite par Lucy Alibar, une amie de Benh Zeitlin qui a coécrit le scénario avec lui. Il se déroule dans le Sud de la Louisiane, dans le bayou, «le « bathtub », une terre sauvage et âpre où vit Hushpuppy (Quvenzhané Wallis), une petite fille de 6 ans et son père Wink (Dwight Henry). Soudain cette nature rebelle s’emballe, les glaciers fondent, des aurochs apparaissent, le monde s’effondre pour Hushpuppy (la nature qui l’environne mais aussi le sien, son monde, puisque la santé de son père décline) ; elle va alors partir à la recherche de sa mère.

Ne vous fiez pas à mon synopsis réducteur car ce film possède tout ce qu’un synopsis ou une critique ne pourront jamais refléter. Il en va ainsi de certains films, rares, comme de certaines personnes qui possèdent ce charme indescriptible, cette grâce ineffable, ce supplément d’âme que rien ni personne ne pourront décrire ni construire car, justement, il n’est pas le fruit d’un calcul mais une sorte de magie qui surgit presque par miracle (et sans doute grâce à la bienveillance et la sensibilité du regard du cinéaste) comme celle qui peuple les rêves de Hushpuppy.

Dès les premières secondes, malgré la rudesse de la vie qu’il décrit, malgré l’âpreté de cette terre et celle du père de Hushpuppy, ce film vous séduit et vous emporte pour ne plus vous lâcher. C’est à travers les yeux innocents et l’imagination débordante de Hushpuppy que nous sommes embarqués dans cette histoire guidés par sa voix qui nous berce comme un poème envoûtant.

La vie grouille, palpite, dans chaque seconde du film, dans cet endroit où elle  est (et parce qu’elle est) si fragile, son cœur bat et résonne comme celui de ces animaux qu’écoute Hushpuppy pour, finalement, faire chavirer le vôtre. Un monde qu’il donne envie de préserver avant que les marées noires ne le ravagent et que la magie n’en disparaisse à jamais.

Son monde est condamné mais Hushpuppy (incroyable présence et maturité de la jeune Quvenzhané Wallis) , avec son regard attendrissant, opiniâtre et frondeur résiste, lutte, et s’invente un univers magique où le feu s’allume au passage d’une belle femme, où elle résiste aux aurochs du haut de ses 6 ans. Benh Zeitlin filme à hauteur d’enfant et du regard d’Hushpuppy imprégnant tout le film de son riche imaginaire.

Film inclassable : autant une histoire d’amour ( d’un réalisateur pour une terre sauvage et noble qui se confond avec la mer dans un tumulte tourmenté que pour ses habitants, fiers et courageux viscéralement attachés à leur terre mais aussi  d’une fille pour son père et réciproquement dont les relations sont faites de dureté attendrissante), fantastique ou fantasmagorique que conte philosophique et initiatique, « Les bêtes du sud sauvage » est aussi un poème onirique qui mêle majestueusement tendresse et rudesse (des êtres, de la terre), réalité et imaginaire, violence (des éléments) et douceur (d’une voix), dureté et flamboyance (comme lors de ce défilé d’une gaieté triste pour célébrer la mort).  Voilà, ce film est beau et contrasté comme un oxymore.

Un film d’une beauté indescriptible, celle des êtres libres, des êtres qui résistent, des êtres qui rêvent, envers et contre tout, tous et cela s’applique aussi bien au film qu’à celui qui l’a réalisé avec un petit budget et des acteurs non professionnels sans parler des conditions de tournage puisque l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon de BP s’est produite le premier jour du tournage le 20 avril 2010.

Un film universel, audacieux et dense, un hymne à la vie et l’espoir, au doux refuge de l’imaginaire aussi quand la réalité devient trop violente, un film d’une beauté âpre et flamboyante qui vous emmènera loin et vous accompagnera longtemps comme cette voix (texte de la voix off dit par Hushpuppy magnifiquement écrit), ce regard et cette musique qui reflètent ce mélange de force et de magie, de grâce et de détermination ( une musique dont Benh Zeitlin est le coauteur, elle fut même utilisée pour la campagne d’Obama) et, à l’image de son affiche, un feu d’artifices d’émotions. Un film rare qui méritait indéniablement son avalanche de récompenses.

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Sandra Mézière

Blogueuse et romancière. Diplômée en droit, sciences politiques, médiation culturelle (mémoire sur le cinéma avec mention TB) et d'un Master 2 professionnel de cinéma. 15 fois membre de jurys de festivals de cinéma (dont 10 sur concours d'écriture). 22 ans de pérégrinations festivalières. Blogueuse depuis 14 ans. Je me consacre aujourd'hui à ma passion, viscérale, pour le cinéma et l'écriture par l'écriture de 7 blogs/sites que j'ai créés ( Inthemoodforfilmfestivals.com, Inthemoodforcinema.com, Inthemoodfordeauville.com, Inthemoodforcannes.com, Inthemoodforhotelsdeluxe.com, Inthemoodforluxe.com... ), de romans, de scénarii et de nouvelles. en avril 2016, a été publié mon premier roman au cœur des festivals de cinéma, aux Editions du 38: "L'amor dans l'âme" et en septembre 2016, chez le même éditeur, mon recueil de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma "Les illusions parallèles". Pour en savoir plus sur mon parcours, mes projets, les objectifs de ce site, rendez-vous sur cette page : http://inthemoodforfilmfestivals.com/about/ et pour la couverture presse sur celle-ci : http://inthemoodforfilmfestivals.com/dans-les-medias/ . Je travaille aussi ponctuellement pour d'autres médias (Clap, Journal de l'ENA, As you like magazine etc) et je cherche également toujours à partager ma passion sur d'autres médias. Pour toute demande (presse, contact etc) vous pouvez me contacter à : sandrameziere@gmail.com ou via twitter (@moodforcinema, mon compte principal: 5400 abonnés ). Vous pouvez aussi me suivre sur instagram (@sandra_meziere).

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