Après la 40ème cérémonie des César (mon compte rendu en direct de la cérémonie, ici) à laquelle j’ai eu le plaisir d’assister vendredi dernier, cette nuit avait lieu la 87ème cérémonie des Oscars. C’est Neil Patrick Harris qui présentait la cérémonie.
A l’issue de 3H40 de cérémonie, c’est le film d’Alejandro Gonzales Inarritu, « Birdman » qui a emporté l’Oscar du meilleur film remis par Sean Penn (qui, vendredi a reçu le César d’honneur des mains de Marion Cotillard), après 3 autres Oscars (meilleure photographie, meilleur scénario original, meilleur réalisateur) sur 9 nominations, le plaçant en tête des lauréats devant « The Grand Budapest Hotel » (qui a notamment reçu l’Oscar de la meilleur bande originale dont le Français Alexandre Desplat est l’auteur et qui était également nommé pour la musique de « The imitation game », Ludovic Bource avait été le dernier Français à obtenir cet Oscar, en 2012 pour « The Artist ») et « Whiplash » de Damien Chazelle, le grand prix du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2014.
Le film de Damien Chazelle a notamment reçu l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour J.K Simmons et celui du meilleur montage, indéniablement les grands atouts de ce film. L’acteur donne en effet corps et froideur d’âme à son personnage de professeur tyrannique et irascible qui sait se montrer mielleux pour atteindre son objectif. L’autre atout du film est sa réalisation (bien que parfois très manichéenne et appuyée) qui, grâce à un montage ciselé, s’empare du rythme fougueux, fiévreux, animal de la musique, grisante et grisée par la folie du rythme et de l’ambition, dévastatrice, et joue avec manichéisme sur les couleurs sombres, jusque dans les vêtements: Fletcher (le professeur) habillé en noir comme s’il s’agissait d’un costume de scène à l’exception du moment où il donne l’impression de se mettre à nu et de baisser la garde, Andrew (l’élève) habillé de blanc quand il incarne encore l’innocence puis de noir à son tour et omniprésence du rouge (du sang, de la viande, du tshirt d’un des « adversaires » d’Andrew) et des gros plans lorsque l’étau se resserre, lorsque le duel devient un combat impitoyable, suffocant. Le face à face final est un véritable combat de boxe (et filmé comme tel) où l’immoralité sortira gagnante : la dictature et l’autorité permettent à l’homme de se surpasser… La scène n’en est pas moins magnifiquement filmée transcendée par le jeu enfiévré et exalté des deux combattants.
Le passionnant « Imitation game » a reçu l’Oscar du meilleur scénario adapté pour ce biopic (romancé) sur le mathématicien Alan Turing ( Benedict Cumberbatch, qui était également nommé face à Steve Carell dans « Foxcatcher », Bradley Cooper dans « American Sniper », Michael Keaton dans « Birdman », Eddy Redmayne dans « La merveilleuse histoire du temps »).
Le film polonais « Ida » de Pawel Pawlikowski a reçu l’Oscar du meilleur film en langue étrangère notamment devant le film qui a été couronné de 7 César, « Timbuktu ».
L’Oscar de la meilleure actrice est revenu à Julianne Moore dans « Still Alice », Marion Cotillard qui était nommée pour la fable sociale des frères Dardenne » Deux jours, une nuit » n’a donc pas renouvelé l’exploit d’il y a 7 ans, lorsqu’elle avait reçu l’Oscar de la meilleure actrice pour « La Môme ». Eddie Redmayne a, quant à lui, reçu l’Oscar du meilleur acteur pour »Une Merveilleuse Histoire du Temps ».
« American Sniper » de Clint Eastwood avec pourtant 6 nominations est reparti avec seulement l’Oscar du meilleur montage sonore et « Boyhood » également 6 fois nommé avec l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Patricia Arquette.
Christopher Nolan avec »Interstellar » s’est également consolé avec un seul Oscar, celui des effets spéciaux. Absent des nominations dans les catégories meilleur film et réalisateur, il en aurait mérité davantage pour cette aventure exceptionnelle à laquelle il nous convie, au-delà du voyage initiatique et interstellaire, au-delà du message humaniste et écologique. « Interstellar » est aussi une célébration de l’amour et en particulier de l’amour filial qui « transcende la dimension temporelle et spatiale » (message que certains trouveront sans doute mièvre mais qui contribue à la force et à l’émotion qui culmine à la fin du film), sur l’instinct de survie, le temps, la mémoire et la nature, bien si précieux. « Interstellar » fait partie de ces films, exceptionnels, SENSATIONnels (au propre comme au figuré), qui plus que des films, sont des instants, des expériences à voir et revoir, vivre et revivre, qui s’intègrent à votre vie. Dommage…
PALMARES COMPLET
Meilleur film:
Birdman
Meilleur réalisateur:
Alejandro G. Iñarritu pour Birdman
Meilleur actrice:
Julianne Moore dans Still Alice
Meilleur acteur:
Eddie Redmayne dans Une Merveilleuse Histoire du Temps
Meilleure actrice dans un second rôle:
Patricia Arquette dans Boyhood
Meilleur acteur dans un second rôle:
J.K Simmons dans Whiplash
Meilleur scénario original:
Birdman
Meilleur scénario adapté:
Graham Moore pour The Imitation Game
Meilleure chanson originale:
« Glory » de Josh Stephens et Lonnie Lynn dans Selma
Meilleure bande originale:
Alexandre Desplat pour The Grand Budapest Hotel
Meilleure direction artistique:
Adam Stockhausen et Anna Pinnock pour The Grand Budapest Hotel
Meilleur montage:
Tom Cross pour Whiplash
Meilleure photographie:
Emmanuel Lubezki pour Birdman
Meilleur mixage sonore:
Craig Mann, Ben Wilkins et Thomas Curley pour Whiplash
Meilleur montage sonore:
Alan Robert Murray, Bub Asman pour American Sniper
Meilleur film en langue étrangère:
Ida de Pawel Pawlikowski (Pologne)
Meilleur film documentaire:
Citizenfour de Laura Poitras
Meilleur court-métrage d’animation :
Feast de Patrick Osborne et Kristina Reed
Meilleur court-métrage documentaire :
Crisis Hotline: Veterans press 1 d’Ellen Goosenberg Kent et Dana Perry
Meilleurs effets spéciaux visuels:
Paul Franklin, Andrew Lockley, Ian Hunter et Scott Fisher pour Interstellar
Meilleur film d’animation:
Les Nouveaux Héros de D.Hall, Roy Conli et C.Williams
Meilleur court-métrage :
The Phone Call de Mat Kirkby
Meilleurs maquillages et coiffures :
Frances Hannon et Mark Coulier pour The Grand Budapest Hotel
Meilleurs costumes:
Meilleurs décors : Anna Pinnock et Adam Stockhausen pour The Grand Budapest Hotel